Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/623

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Quelque violente que ſoit la douleur que je ſouffre, je vous declare en commençant cette Lettre, que je n’ay pourtant deſſein de me pleindre de vous, qu’avec tout le reſpect que je vous ay touſjours rendu : & que ſi dans la ſuitte de mon diſcours, il m’eſchape quelque parole un peu dure, elle m’eſchapera malgré moy. Apres cela Madame, je ne m’amuſeray point à vous faire sçavoir les avantures d’un homme qui n’a plus de part en voſtre affection : & je vous aprendray ſeulement, que dans la priſon où le Roy mon Pere me retient pour l’amour de vous, on n’a pû inventer de plus cruel ſuplice, que de me faire redire tous les jours, que vous avez vaincu le vainqueur de la plus grande partie de l’Aſie : & ſi je l’oſe dire ſans vous offencer que voſtre cœur eſt la plus illuſtre de ſes conqueſtes, & meſme la plus apurée, lugez s’il vous plaiſt