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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/640

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ces illuſtres Perſonnes, comme Cyrus eſtoit le plus amoureux, je penſe qu’on peut dire qu’il eſtoit le plus tourmenté : du moins fut il le plus diligent à ſe mettre en eſtat de vaincre.

Car à peine l’Aurore commença t’elle de blanchir les nuës, du coſté du Soleil levant, qu’il fit eſveiller tout ſon Camp, au ſon des Trompettes, des Clairons & des Haubois, de ſorte que chacun prenant ſes Armes, & ſe rangeant ſous ſon Enſeigne, preſques en un moment toute cette grande Armée ſe trouva en eſtat d’obeïr à ſon General, qui n’ayant pas moins de pieté, que de valeur, commanda que l’on fiſt un Sacrifice, afin de demander la victoire aux Dieux : voulant meſme, que l’on ſacrifiaſt ſelon la couſtume des Perſans ſans y meſler nulle ceremonie eſtrangere. De ſorte que les Mages qui s’eſtoient preparez à faire cette ceremonie, choiſirent une eminence qui le trouva eſtre enfermée dans le Camp, pour Sacrifier à Jupiter ; au Soleil qu’ils apelloient Oroſmade ; & à Venus Uranie, qu’ils nommoient Mitra : Cyrus choiſiſſant ces trois Divinitez, afin que Jupiter luy donnaſt la force de vaincre ; que le Soleil eſclairaſt ſa victoire, & que Venus Uranie le favoriſaſt dans le deſſein qu’il avoit de delivrer la Princeſſe qu’il aimoit. Comme les Perſans ne ſacrifioient jamais qu’à Ciel ouvert ; qu’ils ne dreſſoient point d’Autels ; n’allumoient point de feu ; ne ſe ſervoient point de Muſique, ny de Couronnes de ſleurs ; la ceremonie ne fut pas longue : car les Mages ne firent autre choſe, ſinon que ſe mettant chacun une Tiare environnée de Mirte ſur la teſte, ils conduiſirent les victimes ſur l’eminence qu’ils avoient choiſie, où ils ne furent pas pluſtoſt arrivez, qu’ils invoquerent les Divinitez à qui ils ſacrifioient ; & ſuivant la couſtume de Perſe qui vouloit que l’on ne fiſt jamais