Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/657

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taillées en pieces, ou reduittes à prendra la fuitte : & tantoſt auſſi reprenans courage, elles retournoient à la charge, & faiſoient reculer ceux qui les avoient renverſées. Ce qu’il y eut de remarquable pour la gloire de Cyrus, fut qu’il n’y eut point dEſcadron rompu par les Lydiens, que Cyrus ne r’alliaſt, & ne remenaſt au combat, mais avec tant de cœur, tant de jugement, & tant de promptitude, qu’il paroiſſoit eſtre en plus d’un lieu à la fois, tant il avoit de diligence à faire tout ce que ſon grand cœur & ſa prudence luy conſeilloient. Auſſi ne sçauroit on preſques imaginer le nombre de fois qu’il retourna à la charge, & combien de combats il fit en un ſeul combat. Il n’avoit pas pluſtoſt vaincu en un lieu, qu’il cherchoit une nouvelle matiere à ſa valeur ; il vouloit meſme du choix dans ſes combats : & non content de vaincre tout ce qu’il rencontroit, il chercha avec un ſoing eſtrange ou le Roy de Pont, ou Creſus, mais ce fut inutilement : car la Fortune ne voulut pas qu’ils ſe rencontraſſent. Cependant quelques efforts qu’il pût faire pour achever de vaincre, il trouvoit touſjours une nouvelle reſiſtance ; & l’opiniaſtreté des Ennemis donnoit une ample matiere à ſa prudence & à ſa valeur : de ſorte que ne voulant pas que la victoire fuſt plus long temps incertaine, il fit avancer ſon Corps de reſerve Le Roy de Lydie fit la meſme choſe, mais le ſuccés ne fut pas égal des deux coſtez : car les Rois de Phrigie & d’Hircanie, chargerent ſi rudement les Ennemis, & furent ſi puiſſamment animez par l’exemple de Cyrus, à qui ils voyoient faire des actions de valeur ſi incroyables, qu’ils ne pouvoient s’empeſcher de croire qu’il y avoit quelque choſe de divin en ce Prince là ; qu’ils eurent la gloire de ſeconder ſi bien ſon