mit en eſtat de combatre à pied, mais il fut contraint de ceder à la multitude de ceux qui le voyant tombé ſe r’allierent & vinrent à luy ; de ſorte que ce vaillant Prince, & tous ceux qui ſe trouverent alors aupres de ſa Perſonne perirent en cette occaſion. Il eſt vray que leur mort fut bientoſt vangée : car Hidaſpe eſtant arrivé en cét endroit, & Madate l’eſtant venu ſoutenir, ils chargerent ſi vertement ceux qui avoient fait perir Abradate, qu’ils furent contraints de ſe retirer en confuſion dans le gros de leur Bataille. En ſuitte Hidaſpe remena les Troupes qu’il commandoit contre les Troupes d’Arinaſpe, & contre Arinaſpe luy meſme : & tous les Bataillons de la premiere Ligne, chargerent ceux des Ennemis qui leur eſtoient oppoſez, avec tant de vigueur, qu’Arinaſpe tout grand Capitaine qu’il eſtoit, fut contraint de ceder à la valeur d’Hidaſpe, ne pouvant pas meſme luy reſiſter longtemps. Le Roy de Pont qui avoit combatu ce jour là avec autant de courage que de malheur, voyant le deſordre qui eſtoit dans l’Armée de Creſus, fit tout ce qu’il pût pour r’allier ſes Troupes ; il ſe meſla vingt fois dans celles de Cyrus, & faillit meſme à eſtre pris. Mais qu’euſt il pû faire au déplorable eſtat où il ſe voyoit ? Creſus auſſi bien que luy, donna beaucoup de marques de courage, ſans pouvoir non plus que ce Prince, trouver de remede à ſon malheur. Il voyoit ſes deux Aiſles rompües, & ſon Corps de Bataille enfoncé ; toute la Campagne eſtoit couverte de morts, & de morts de ſon Parti, l’eſpouvante eſtoit dans ſes Troupes ; elles fuyoient par tout où Cyrus les attaquoit ; & fuyoient meſme où on ne les attaquoit pas ; tant la frayeur s’eſtoit emparée des Troupes Lydiennes. De ſorte que Creſus voyant qu’il ne s’agiſſoit plus que de mettre ſa Perſonne en ſeureté, &
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