capable d’attacher ſi fort voſtre eſprit à l’harmonie qu’elle vous en rende melancolique. Mais c’eſt peut-eſtre, adjouſta la Princeſſe, que bien loin de l’aimer, Perinthe la hait, & s’ennuye de l’entendre ſi long-temps : ha Madame, s’eſcria t’il, j’aimerois encore mieux que Doraliſe creuſt que je ne ſuis pas cét homme qu’elle cherche, & qu’on me ſoubçonnaſt d’eſtre amoureux, que de croire que je puſſe eſtre aſſez ſtupide pour n’aimer pas la Muſique : & il me ſemble Madame, adjouſta t’il, que l’aimant comme vous faites, c’eſt me donner une aſſez forte conjecture de la mauvaiſe opinion que vous avez de moy, que de croire que je la hais. Point du tout, reprit elle, car n’eſt il pas vray que l’on voit cent perſonnes raiſonnables qui ne l’aiment pas, & qui ne peuvent meſme l’eſcouter ? il eſt certain, repliqua Perinthe, que l’on voit ce que vous dittes : mais il eſt vray que ſelon mon ſens, ces gens là ont une ſurdité d’eſprit (s’il m’eſt permis de parler ainſi) qui doit eſtre regardée comme un deffaut. Mais ( luy dit le Prince Atys, qui ſe trouva a cette converſation) trouvez vous que ce fort un plus grand deffaut d’avoir des oreilles ſans aimer la Muſique, que d’avoir des yeux comme vous en avez, ſans aimer la beauté ? Perinthe rougit à ce diſcours, & auroit meſme eſté fort embaraſſé à y reſpondre ; lors que par bonheur pour luy, Doraliſe prenant la parole, non non Seigneur, adjouſta t’elle, ne vous y trompez pas ; je ne croy point que Perinthe ſoit inſensible : & je ne vy de ma vie de gens faits comme luy qui le fuſſent. Il aime aſſurément, quoy qu’il die & quoy qu’il faſſe : pour moy (dit Abradate afin de s’aquiter de la commiſſion que la Princeſſe luy avoit donnée d’obſerver Perinthe) je commence d’eſtre de l’opinion de Doraliſe : car je l’
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