Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/114

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tres magnifiquement recompensé : que le Roy d’Assirie qui à faute de gens l’avoit envoyé, seroit ravi de ce qu’il auroit fait, ayant interest en la perte d’Artamene : qu’il verroit aussi bien sa Lettre en copie qu’en original ; & qu’il la luy porteroit, pendant qu’il retourneroit à Sinope. Qu’au reste il ne faloit pas qu’il eust de scrupule, de perdre un homme ambitieux, qui aspiroit à la Monarchie universelle ; un homme que l’on faisoit semblant d’aimer, pour la crainte que l’on avoit de luy : mais que s’il arrivoit jamais que la Fortune l’abandonnast pour un moment, il seroit perdu sans ressource. Que tout changeroit de face : que ses plus chers Amis en apparence, estoient ses Ennemis en secret : & qu’enfin il recevroit des loüanges, & : des benedictions de tout le monde, s’il venoit about d’un grand dessein. Que tout grand qu’il estoit, il l’acheveroit pourtant sans aucun danger : puis que ce ne seroit pas luy qui presenteroit ces Tablettes au Roy : & qu’il ne seroit connu, qu’apres que tout le peril seroit passé. Enfin ce frere d’Aribée qui se nommoit Artaxe, sçeut tant dire de choses à celuy auquel il parloit ; qu’adjoustant une riche bague à ses raisons ; il persuada cette ame foible & mercenaire ; & luy fit faire tout ce qu’il voulut. Artaxe escrivit donc à son Amy, qu’ayant trouvé un moyen infaillible, de vanger la mort de son frere, il le conjuroit de ne le negliger pas, & de s’en servir utilement. Que pour luy, il s’en alloit de son costé dans Pterie ; Ville qui n’est pas fort esloignée de Sinope, où le Roy d’Assirie s’estoit retiré ; afin d’agir aupres de ce Prince contre Artamene : & pour y attendre le succés de l’affaire, dont il luy laissoit la conduite, n’osant pas paroistre à la Cour. Cét