Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/122

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celle de l’obstination qu’il avoit, à ne vouloir point les descouvrir à Ciaxare ; qui estoient deux choses qui ne les embarrassoient pas peu.

Seigneurs, respondit Chrisante, je tiens à bon presage, que vous ayez prevenu l’intention de Feraulas & la mienne : puis que nous n’estions venus chez Hidaspe, qu’à dessein de l’obliger d’assembler chez luy, tous ceux que la Fortune y a fait trouver fortuitement. La suitte de nostre discours vous fera voir pourquoy nous avons choisi la maison d’Hidaspe : & pourquoy nous n’avons pas jugé à propos, que tant d’illustres Medes qui sont amis d’Artamene s’y rencontrassent. En un mot, Seigneurs, nous sommes icy pour vous apprendre, qui est veritablement Artamene. Chrisante n’eut pas plustost prononcé cette derniere parole, que tous ces Princes l’interrompirent, par des tesmoignages de joye & d’impatience : & par des souhaits qu’ils firent qu’il peust estre de leur Nation. Non, disoit le Roy d’Hircanie, je n’auray point cét avantage ; je ne suis point assez heureux pour cela : le Prince des Cadusiens disoit aussi la mesme chose : & tous ensemble n’osant l’esperer, quoy qu’ils le desirassent avec ardeur, advoüoient tacitement, que personne n’estoit digne d’estre nay son Souverain : & qu’il l’estoit de l’estre de toute la Terre. Mais enfin un moment apres, Hidaspe le plus impatient de tous, ayant fait assoir tous ces Princes ; & ordonné que l’on ne laissast entrer personne, qui peust interrompre cette narration ; pressa Chrisante de parler. Quelqu’un demanda alors s’il ne faloit point attendre le Roy de Phrigie ? Mais tout les autres qui brusloient depuis si long temps, du desir de sçavoir les commencemens d’une vie