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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/168

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vie, ce seroit plustost en une semblable occasion qu’en toute autre.

Je luy promis donc de suivre ses ordres, que je n’eus pas grand peine à exécuter : car depuis quelque temps, Cyrus estoit devenu melancolique : & ce qui le divertissoit autrefois, ne faisoit plus que l’ennuyer. Neantmoins comme il est naturellement fort complaisant, je ne m’aperçeus de ce que je dis, que lors que par les ordres de la Reine, je commençay de l’observer plus exactement. Car comme il voulut un jour aller à la Chasse, plustost par coustume & par bien-seance, que par aucun plaisir qu’il y prist ; je luy dis que j’avois un conseil à luy donner en cette rencontre, que je le suppliois de recevoir favorablement. Et comme il m’eut asseuré, qu’il suivroit tousjours mes advis sans repugnance ; je luy dis que la Chasse qui dans sa premiere jeunesse, avoit esté son occupation ; ne devoit plus estre que son divertissement : & qu’ainsi il y falloit aller un peu moins souvent, qu’il n’avoit accoustumé. Vous avez raison Chrisante, me dit il en m’interrompant, il y a desja long temps que je prie Feraulas, de m’aider à trouver les moyens de m’occuper plus noblement Seigneur, luy dis-je, Feraulas est sans doute digne de l’honneur que vous luy faites de l’aimer, & de luy demander des conseils ; mais en cette rencontre, je pense qu’il n’a pas eu grand peine à trouver les voyes de vous faire employer en autre chose, les heures que vous aviez accoustumé de donner à la Chasse. Chrisante, me dit il, cela n’est pas si aisé que vous pensez. Comme nous estions là, le Roy envoya querir Cyrus, & cette partie de Chasse fut rompuë, comme nostre conversation. Quelques jours apres le Roy partit pour un voyage d’un mois, qu’il estoit