Pere ; faisoit qu’elle ne consentoit pas absolument au départ de Cyrus. Car elle voyoit bien, que selon les apparences, cela devoit produire un bon effet : supposé que l’on déguisast si bien Cyrus, & que l’on cachast si bien sa route, qu’il ne peust pas estre suivy, par les Espions qu’Astiage avoit dans Persepolis, & que l’on ne connoissoit pas. Elle voyoit de plus, que comme le Roy des Medes estoit fort vieux, & fort changeant en ses opinions ; il estoit à croire que pendant le voyage de ce jeune prince, il pourroit arriver qu’il mourroit, ou qu’il se gueriroit de ses aprehensions ; aprenant que celuy qu’il redoutoit si fort, bien loing de se mettre à la teste d’une Armée pour luy faire la guerre, s’en seroit allé voyager, sans suitte & sans train, proportionné à sa condition. Mais quoy que la Reine connust toutes ces choses, & les advoüast ; la veuë de son Fils luy estoit si chere, qu’elle ne pouvoit prendre cette fâcheuse resolution, quelque necessaire qu’elle la vist estre. Voyant donc dans son esprit tous ces sentimens ; & connoissant en effet, que le dessein que Cyrus avoit formé, par le seul desir de la gloire ; estoit le seul que l’on pouvoit prendre par prudence, pour sa conservation, & pour maintenir la paix entre deux grands Royaumes ; je me resolus sans rien descouvrir au Prince, des motifs qui me portoient à consentir à ce qu’il vouloit, de favoriser sa fuite, & d’estre moy mesme le compagnon de sa fortune, & le tesmoin de cette vertu, dont j’attendois de si grandes choses. Et certes ce ne fut pas sans raison : que je luy cachay les sujets de crainte que nous avions pour sa vie, s’il demeuroit plus long temps en Perse ; puis qu’il est certain, que s’il eust sçeu la verité, il eust bien tost changé de resolution ; &
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Apparence