Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/218

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plus superbe, que n’a esté celle que vous y avez veuë. Artamene l’ayant prié de luy dire ce que ce seroit ; ce Sacrificateur luy aprit, qu’un Prince voisin de la Capadoce, qui estoit Roy de Pont & de Bithinie, & duquel il luy dit beaucoup de bien ; estant devenu fort amoureux de la Princesse Mandane, avoit envoyé des Ambassadeurs à Ciaxare, pour la demander en mariage. Artamene tout troublé de ce discours, ne luy donna pas le loisir de l’achever : & luy demanda en l’interrompant ; si cette Ceremonie seroit pour les Nopces de cette Princesse ? Non, luy respondit le Mage : car nous avons gardé une coustume des Assiriens, qui ont esté nos anciens Maistres ; qui veut que le lors qu’il n’y à qu’une Princesse à succeder à la Couronne, elle ne puisse espouser de Prince Estranger. C’est pourquoy Ciaxare a refusé le Roy de Pont : qui ne s’estant pas contenté de cette responce ; & ne pouvant se guerir, de la passion qu’il a pour cette Princesse ; a fait alliance avec le Roy de Phrygie, & a declaré la guerre à celuy de Capadoce. Si bien que les Troupes estant prestes à marcher dans peu de jours, le Roy & la Princesse viendront icy, dans le temps que je vous marque, pour demander aux Dieux, & principalement a celuy auquel ce Temple est consacré, luy qui preside dans les combats ; l’heureux succés d’une guerre si importante, puis qu’elle regarde les Loix fondamentales de l’Estat. Artamene surpris d’aprendre tant de choses differentes tout à la fois ; & qui luy donnoient aussi de fort differents sentimens n’eut plus la force de faire de nouvelles questions à ce Sacrificateur : de sorte qu’apres l’avoir remercié en peu de paroles, il s’en separa civilement.