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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/229

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à la main, pour les interests de Ciaxare qui est son fils : ny que Ciaxare son fils qui regne seul en Capadoce, voulust se des-honorer, pour les frayeurs de son Pere, qu’il n’a pas si grandes que luy. Au lieu qu’en toute autre Cour Astiages s’imaginant qu’Artamene y caballeroit pour luy susciter des Ennemis, n’oublieroit rien pour le perdre, s’il venoit à sçavoir qu’il y fust. Ainsi tant qu’Astiage sera vivant, Cyrus ne sçauroit estre plus seurement, que dans l’Armée du Roy de Capadoce : le temps mesme que nous avons employé à nos voyages, n’a pas si peu changé ce jeune Prince qui croist ; qu’il soit fort aise à reconnoistre, par ceux qui l’ont pû voir en Medie durant sa premiere enfance, ny mesme depuis en Perse, dans un âge un peu plus avancé. Il est vray que Feraulas & moy, qui avons tenu un rang assez considerable à Persepolis, pouvons estre plus facilement reconnus : Mais ne pouvons nous pas dire, que depuis le naufrage de Cyrus, nous avons changé de Maistre ? & ne faut-il pas donner quelque chose à la Fortune ? Et puis apres tout, qui sçait si l’amour n’est point necessaire à la gloire d’Artamene ? l’ambition toute seule dans un jeune cœur, n’a pas toujours assez de force, pour le retenir long temps, dans un violent desir d’entasser victoire sur victoire : & comme cét âge a un grand panchant aux plaisirs, l’amour est un moyen plus aise & plus agreable, pour faire trouver de la facilité aux choses les plus penibles. De plus, comme Artamene est fort bien fait & fort aimable, qui sçait s’il ne sera point aimé comme il aime ? & si comme il est haï sans estre connu, l’on ne l’aimera point lors que l’on le connoistra ? Ce fut Seigneur, par ces raisonnemens, que je me resolus enfin, à satisfaire