Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/231

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tous les jours, que le Roy de Pont & le Roy de Phrigie, s’avanuoient à grandes journées vers la Galatie. Ciaxare voulant donc les prevenir, marcha en diligence, vers le rendez-vous general, qu’il avoit donné à ses Troupes : afin de tascher s’il estoit possible, de porter la guerre chez son Ennemy, & d’entrer dans la Bithinie. Mais comme la Princesse sa fille estoit la cause de cette guerre, & qu’il eut peur que durant son absence, l’on n’entreprist quelque chose contre sa personne, il voulut qu’elle le suivist, jusques à une ville appellée Ancire ; qui n’est pas fort esloignée du lieu par où il avoit resolu d’entrer en Païs ennemy. Pendant cela, Artamene n’estoit occupé, qu’à donner ordre aux choses qui luy estoient necessaires : c’est à dire, à des Armes, à des Chevaux, & à des Tentes. Il rencontra diverses fois ce jeune Estranger, qu’il avoit veû au Temple de Mars : & le mesme homme qui vendit des Armes à Artamene, en vendit aussi à Philidaspe ; car c’estoit le Nom que cét Inconnu portoit. Si bien que s’estant rencontrez en ce lieu-là, ils sçeurent l’un de l’autre, qu’un mesme desir de Gloire, les faisoit resoudre de se trouver à cette guerre, & en tesmoignerent l’un & l’autre assez peu de satisfaction. Mais, Seigneur, pour ne m’arrester pas si long temps, sur des choses qui ne sont pas absolument necessaires à mon recit ; Nous fusmes au rendez vous ; le Roy y fit la reveuë de ses Troupes ; & nous marchasmes droit à l’Ennemy. Ce ne fut pourtant pas sans douleur, qu’Artamene vit partir la Princesse Mandane pour aller à Ancire, où deux mille hommes luy firent escorte, & furent laissez pour sa Garde. Mais enfin, comme c’estoit son destin de souffrir tout ce que l’Amour