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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/258

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Peres sur leurs Enfans ; ny rien de plus fort, que les Loix fondamentales de L’estat, qui deffendoient cette Alliance ; le pretexte avoit esté de deux Villes qui bornoient de deux costez une grand Plaine, qui joint la Galatie à la Bithinie en cét endroit : tous ces deux Princes croyant que toutes les deux leur appartenoient, quoy qu’ils ne fussent chacun en possession que de celle qui estoit la plus proche de leurs Provinces. C’estoit donc apparemment pour ces deux Villes, que la guerre se faisoit : dont l’une se nomme Cerasie, qui estoit alors en la puissance du Roy de Pont : & l’autre Anise, qui estoit sous le pouvoir de Ciaxare. Mais comme le Roy de Pont avoit esté assez blessé ; & que ses Medecins & ses Chirurgiens l’avoient assuré qu’il ne seroit pas si tost guery ; il fuyoit le combat autant qu’il pouvoit : neantmoins l’on ne laissa pas de combattre à diverses fois pendant sa maladie : & mesme, excepté lors qu’Artamene ou Philidaspe furent à la guerre, la Victoire sembla tousjours balancer entre les deux Partis. Cependant le Roy de Phrigie ayant esté adverty secrettement que le Roy de Lydie se vouloit encore declarer contre luy, & entrer dans ses Estats, le fit sçavoir au Roy de Pont, qui se trouva fort embarrassé : sçachant bien que si le Roy de Phrigie l’abandonnoit, il ne seroit pas assez puissant, pour resister à Ciaxare, qui luy jetteroit sur les bras, non seulement toute la Capadoce, & toute la Galatie : mais encore toutes les forces des Medes & des Persans.

Apres que ces Princes eurent bien cherch à imaginer ce qu’ils avoient à faire, dans une conjoncture si fascheuse ; le Roy de Phrigie dit, que comme l’advis qu’il avoit reçeu, estoit apparemment ignoré de Ciaxare, puis que