Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/259

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le Roy de Lydie n’avoit encore fait aucun acte d’hostilité contre luy ; & qu’il avoit eu cét adus, par une intelligence secrette, qu’il avoit dans le Conseil de ce Prince ? il faloit avant qu’il en apprist des nouvelles, luy envoyer offrir de terminer leurs differens, par un Combat de deux cens hommes contre deux cens ; afin d’espargner de tous les deux Partis le sang de leurs Sujets ; & de terminer plus promptement cette guerre. Car enfin, luy dit le Roy de Phrigie, si celle de Lydie ne m’occupe pas trop long temps, nous ne manquerons pas apres de pretextes pour rompre la paix que nous aurons faite, avec le Roy de Capadoce. Le Roy de Pont qui ne voyoit point d’apparence de pouvoir sortir avec honneur de cette guerre, si ce Prince son Allié l’abandonnoit ; quelque desir qu’il eust de se vanger ; quelque brave qu’il fust ; & quelque passion qu’il eust pour la Princesse de Capadoce, fut contraint d’aprouver cét advis, & de le suivre. Il envoya donc proposer la chose à Ciaxare, qui tint Conseil de guerre pour cela : les opinions furent differentes : les uns vouloient que l’on acceptast cette proposition ; les autres qu’on la refusast. Aribée qui trouvoit quelque avantage pour luy, à faire durer la guerre, s’y opposoit ouvertement : Mais le Roy qui par l’extréme vieillesse d’Astiage Roy des Medes, prevoyoit que sa mort arriveroit bien tost ; auroit esté bien aise de ne se trouver pas engagé en cette guerre, en un temps où il luy faudroit peut-estre quitter dans peu de jours la Capadoce, pour s’en aller en Medie. De sorte qu’ayant bien examiné toutes choses, & connu qu’apres tout, les Ennemis estoient un peu plus forts en nombre que les Capadociens ; Ciaxare accepta le party