Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

content du service qu’il vous a rendu, veut encore que ce soit de sa main, que vous receviez la Victoire : & il vous supplie, de luy permettre de combattre vos Ennemis, en l’occasion qui s’en presente. Ciaxare ravi de cette proposition, embrassa Artamene, pour le remercier du zele qui’l tesmoignoit avoir pour son service : Mais il fut toute-fois quelque temps, sans pouvoir se resoudre de luy accorder ce qu’il demandoit. Et comme la Princesse durant ce temps-là ne parloit point, Artamene se tournant vers elle, Madame, luy dit il, est-ce-là ce que vous m’aviez fait l’honneur de me promettre ? Non, luy respondit Mandane, mais je vous advoüe que je ne vous puis tenir ma parole : & que la guerre est une chose qui choque si fort mon humeur, que je ne puis obtenir de moy, d’y contribuer rien, que des vœux tres passionnez pour la faire cesser. Ha Madame, reprit Artamene, vostre bonté m’oblige, & m’outrage tout ensemble ! & alors il pressa tant Ciaxare, qu’il se rendit enfin, apres avoir long temps resisté. Ce n’est pas qu’il ne fust bien aise, qu’un homme aussi vaillant qu’Artamene fust de ce combat : mais c’est qu’effectivement il l’aimoit ; & qu’il craignoit de le perdre en cette occasion. De vous dire quelle fut la joye d’Artamene ; quels furent les remercimens qu’il fit au Roy ; & les agreables reproches qu’il fit à la Princesse, de l’avoir si mal servi, ce seroit perdre un temps qui m’est cher, veû ce qui me reste encore à vous aprendre : je vous diray donc seulement au lieu de cela, que Philidaspe qui souhaittoit estre de ce Combat aussi bien que mon Maistre, n’eut pas le mesme destin : car quoy qu’Aribée peust dire, Ciaxare ne le voulut pas. Il en fit des excuses à Philidaspe