façon bien estrangge, que d’exposer de nouveau la vostre, à un combat qui ne peut manquer d’estre tres sanglant, & tres dangereux, veû les conditions du Traité. Vous estes trop bonne, luy respondit Artamene, de craindre ma perte : Mais Madame, ne vous en inquietez pas : la bonté que vous avez pour moy, me met à couvert de tous les perils : n’estant pas croyable que les Dieux veüillent perdre, ce que vous voulez sauver. Ainsi Madame, poursuivit-il en sous-riant, pouvant me faire combatre sans danger, faites moy la grace de m’en faire obtenir la permission. Car Madame (adjousta-t’il, en prenant un visage plus serieux) si je ne l’obtiens pas, il faudra necessairement, que je m’esloigne d’un lieu où je ne pourrois vivre sans honte : & où l’on ne m’auroit pas jugé digne de faire, ce que deux cens autres auroient fait. S’il n’y avoit, luy dit il encore, qu’un seul homme qui deust combattre, peut-estre n’auroi-je pas la hardiesse d’oser vous dire, estant Estranger, que je souhaiterois ardemment pouvoir estre ce bien-heureux, qui seroit choisi pour deffendre vos interests : Mais puis qu’il y en doit avoir deux cens appellez à cette gloire ; je pense Madame, que sans une trop grande presomption, je puis vous demander ce bon office. Je voudrois bien au moins (luy respondit la Princesse fort obligeamment) que vous eussiez choisi une autre personne pour vous le rendre : mais enfin puis que vous le voulez, je vous promets de l’obtenir du Roy. Comme Artamene vouloit luy respondre, & se jetter à ses pieds pour la remercier ; Ciaxare entra dans sa Chambre : & la Princesse ne le vit pas plustost, que s’avançant vers luy, Seigneur, luy dit-elle, Artamene qui est insatiable de gloire, n’estant pas
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