Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/269

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partagé le Soleil, & choisi un endroit également avantageux ; ils commencerent d’avancer teste baissée, sans bruit, sans cris, & avec un silence qui donnoit de la terreur. Comme ils furent assez proches, pour se servir de leurs javelots, ils les lancerent avec tant de violence, que de tous les deux partis ces armes volantes firent un assez grand effet : Mais beaucoup plus grand sur les Capadociens que sur les autres. En suite ayant mis l’espée à la main, & s’estans couverts de leurs Boucliers ; ils commencerent de se mesler : & Artamene, à ce que nous avons sçeu, immola la premiere victime de ce Sacrifice sanglant. Car ayant devancé tous ses Compagnons de quelques pas, il tua d’un grand coup d’espée le premier qui luy resista. Sa valeur ne fut pourtant pas assez heureusement secondée, au commencement de ce Combat : estant certain, qu’à parler en general, le party du Roy de Pont eut de l’avantage sur celuy du Roy de Capadoce. Ce n’est pas que l’autre ne fist bien son devoir, ny qu’il reculast ; Mais c’est enfin que ceux de Pont estoient plus heureux : & que les blessures qu’ils faisoient à leurs Ennemis estoient plus mortelles. Artamene voyant donc que malgré tous ses efforts, le nombre des Capadociens diminuoit plus que celuy des autres ; estoit en un desespoir estrangge : & faisoit des choses qui ne se peuvent non plus imaginer que dire. L’on eust dit qu’il estoit seul chargé de l’evenement de ce combat : car il ne se contentoit pas d’attaquer & de se deffendre : il deffendoit encore tous ceux de son Party : & paroit autant qu’il le pouvoit, tous les coups qu’il voyoit porter à ceux qui estoient proches de luy. Enfin il fit tant de merveilles, & tant d’actions heroïques ; qu’un