Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/285

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certain qu’en fort peu de jours, il parut un amendement extraordinaire en ſes bleſſures ; tant l’eſprit a de pouvoit ſur le corps. Je ne m’arreſte point à vous dire, quels furent leurs entretiens, en ces deux viſites de la Princeſſe : eſtant bien aiſé de s’imaginer, que le mal & la valeur d’Artamene, furent tout le ſujet de la converſation. Mais ; Seigneur, pour reprendre les choſes de la guerre, au point où je les ay laiſſées ; je vous diray que tant que le mal d’Artamene dura, ce ne furent qu’ambaſſadeurs de part & d’autre : pour convenir d’Arbitres, & pour chercher les voyes de terminer ce different. Le Roy de Pont le faiſoit durer autant qu’il pouvoit : eſperant que pendant ce temps là le Roy de Phrigie pourroit eſtre eſclaircy des deſſeins des Lydiens : & que ſelon cela, il pourroit conclure la paix, ou recommencer la guerre. Mais les choſes furent touſjours ſi douteuſes, durant toute cette negociation ; qu’il ſembla que les Dieux euſſent permis que cela arrivaſt ainſi ; afin de donner ſeulement le loiſir à Artamene de recouvrer la force & la ſanté, pour acquerir une nouvelle gloire. Deux mois apres ſes bleſſures, il quitta la Chambre, pour aller remercier le Roy & la Princeſſe, de la bonté qu’ils avoient euë pour luy : & en ſuitte, il rendit ſes civilitez à toute la Cour, & fut meſme chez Philidaſpe. Ce fut en ce temps-là, Seigneur, qu’enfin les Rois ennemis eſtant convenus de luges, pour entendre les raiſons de tous les deux Partis ; l’on dreſſa une Tente magnifique, dans la meſme Plaine où s’eſtoit fait le combat, & tout devant le Trophée qu’Artamene avoit dreſſé. Quatre des plus grands Seigneurs de Capadoce & deGalatie, & autant de Pont & de Bythinie, furent les Arbitres de ce fameux different : apres avoir