fait le ferment neceſſaire, pour oſter toute crainte de preoccupation à leurs Maiſtres. Les deux coins de cette Tente eſtant retrouſſez par de gros Cordons à houpes d’or, laiſſoient voir trois ſuperbes Thrônes, également eſlevez ; & plus bas un long Siege couvert de Pourpre, pour placer ces juges de Camp. Toutes choſes eſtant donc preparées, les Rois de Pont & de Phrigie conduiſirent Artane pour ſoustenir ſa pretenduë Victoire : Mais encore qu’il euſt plus d’eſprit que de valeur, il fut pourtant avec beaucoup de repugnance à ce combat, quoy qu’il ne deuſt pas eſtre ſanglant. Artamene de ſon coſté, fut conduit par Ciaxare : quatre mille hommes des deux Partis, ſe rangerent à droit & à gauche : & ces Rois ayant pris leurs places ſelon leur rang, les Arbitres s’aſſirent à leurs pieds, Artamene & Artane demeurant debout. Il ſe fit alors un fort grand ſilence : Mais Seigneur, je ne m’arreſteray pas à vous redire mot à mot, les Harangues de ces deux nouveaux Orateurs ; car il me ſeroit peut-eſtre impoſſible : je vous diray donc ſeulement, que celuy qui parla le premier fut Artane : & qu’encore qu’il euſt beaucoup d’adreſſe, ſon diſcours ne fit aucune impreſſion. Mais au contraire celuy d’Artamene, eſtant appuyé ſur la verité, eſtant prononcé par un homme de qui la bonne mine gagnoit d’abord le cœur des Auditeurs, & de qui le courage rendoit l’eloquence plus heroïque & plus forte ; toucha meſme juſques au Roy de Pont, qui n’admira pas moins l’eſprit d’Artamene que ſa valeur. A ces mots, le Roy d’Hircanie prenant la parole ; ne penſez pas, dit il, ſage Chriſante, nous priver abſolument, du plaiſir de sçavoir du moins le ſens,
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