Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/330

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n’estant pas fort esloignée ; nous le vismes revenir un moment apres, suivy d’un Soldat que portoit comme en Trophée, ces magnifiques Armes qu’Artamene avoit fait faire. Cette veüe surprit tout le monde ; & donna mesme de la curiosité à la Princesse : Car Feraulas remarqua, qu’elle le suivit des yeux ; & qu’elle sembloit s’estonner de ce qu’elle voyoit porter ces Armes. Certes Seigneur, Artamene n’en pouvoit pas choisir de plus magnifiques, ny de plus remarquables : Elles estoient d’or cizelé, & émaillées en divers endroits, de couleurs si vives, que l’Arc en Ciel n’en a pas de plus éclatantes. Tous les cloux en estoient marquez par des Rubis & par des Esmeraudes entre-meslées : Son Bouclier au milieu un grand Soleil, representé avec des Diamans, qui esbloüissoit tous ceux qui le regardoient : & sur son Casque tres riche, estoit une Aigle d’or massif, avec les aisles déployées ; qui penchant la teste, tenoit avec ses serres & avec le bec, le haut de ce Casque, & sembloit regarder fixement, du costé que devoit estre le Bouclier, où brilloit ce Soleil de Diamans ; comme voulant dire, que ce Soleil qui representoit la Princesse, selon l’intention d’Artamene, meriotoit mieux ses regards, que celuy qui éclaire tout le Monde. De la queuë de ce superbe Oyseau sortoit un grand panache ondoyant, de vingt couleurs differentes, & admirablement assorties : la garde de l’Espée, le fourreau, le Baudrier, la Cotte d’Armes, & tout le reste, respondoit à cette magnificence : & comme mon Maistre les a encore, vous pourrez voir Seigneur, si vous voulez, que soit pour la richesse de la matiere ; pour l’excellence de l’ouvrage ; ou pour la diversité des couleurs ; il n’en