Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/339

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vos volontez. Le déguisement, poursuivit il en rougissant, est pardonnable en amour, & ne l’est pas à la guerre : Enfin Madame, adjousta t’il en sous-riant, bien loing de me vouloir cacher à mes Ennemis, & de me rendre moins remarquable ; si j’avois toutes les qualitez necessaires, pour meriter une faveur de la plus excellent Princesse du Monde ; je prendrois sans doute la liberté de demander à l’illustre Mandane, cette belle & magnifique Escharpe, qu’elle porte presentement. & si je l’avois obtenuë, ce seroit un moyen infaillible, de me faire remporter la victoire sans peril : & de me rendre invincible, en me rendant plus remarquable. Artamene, repliqua la Princesse en rougissant à Son tour, a toutes les qualitez necessaires, pour meriter que la plus Grande Princesse du monde, prenne soing de sa conservation : & si j’estois persuadée, que cette Escharpe dont il parle, le peust rendre invulnerable, il l’obtiendroit infailliblement : Mais bien loin de croire ce qu’il dit, je pense que ce seroit ayder moy mesme à sa perte : & conduire les traits de ses Ennemis contre son cœur, ce que je n’ay garde de faire. C’est estre bien ingenieuse, respondit Artamene, que d’obliger en refusant : Mais Madame (poursuivit il d’un visage plus serieux) je ne vous ay rien demandé : car enfin pour oser vous faire une semblable priere, il faudroit estre ce que l’on ne me voit pas : & ce que je deviendray peut-estre, si la Fortune ne m’abandonne, & si mon courage ne me trahit. Je suis bien aise, reprit la Princesse, que vous mesme tombiez d’accord, que vous ne m’avez pas mise en estant de vous refuser quelque chose : Mais enfin Artamene, poursuivit elle, que voulez vous faire ? vaincre vos Ennemis, Madame, respondit