tout bas, qu’il m’attendroit trois jours, depuis le matin jusqu’au soir, à un lieu qu’il me marqua : & me dit que si je n’estois le plus lasche de tous les hommes, j’yrois le satisfaire, & me vanger : Il s’esloigna alors en un moment, & nous le perdismes de veuë dans les Montagnes. Ceux qui nous cherchoient, nous ayant trouvé comme je l’ay dit, nous remenerent à la Ville, & nous donnerent en garde à nos Amis, en attendant que le Roy nous accommodast : mais quelques diligens qu’ils pussent estre, Megabise & moy nous échapasmes, & nous fusmes battre à cinq cens pas d’Ecbatane. Je ne m’arresteray point à vous dire les particularitez de nostre combat : & vous sçaurez seulement, que je fus assez heureux pour ne blesser Megabise, que legerement à la main ; & pour le desarmer. Neantmoins quoy que sa blessure ne fust pas considerable ; je creux que je devois point r’entrer dans la Ville le mesme jour : par ce que Megabise estant allié du Roy, ç’eust esté manquer de respect pour luy, que d’en user de cette sorte : quoy que ce n’eust pas esté moy qui eust commencé nostre querelle. Je pris donc le chemin de la Maison d’un de mes amis : sans songer que ce chemin m’obligeoit de passer par l’endroit où Arbate m’avoit donné assignation : car si j’eusse pensé, peut-estre n’y eussay-je pas esté, quelque haine que j’eusse pour luy, tant mon amitié avoit esté forte.
Or Seigneur, j’oubliois de vous dire qu’en desarmant Megabise, mon espée s’estoit rompuë : si bien qu’à la fin du combat je n’avois pû luy rendre la sienne : ne me semblant pas juste que celuy qui avoit eu le bonheur de vaincre demeurast sans armes. J’avois donc l’espée de Megabise, qui estoit assez remarquable par la garde, qu’elle avoit d’une façon