Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/470

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le vouloit pas souffrir : que d’autre part, Arbate ne vouloit pas estre le tesmoin du combat que j’avois commencé contre Megabise ; que ce furieux ne pouvoit pas non plus nous combattre tous deux à la fois ; & que je n’aurois pas enduré, qu’il eust combattu son Frere : nous estions contraints malgré nous, d’employer à parler, un temps que nous avions destiné à un autre usage. Mais comme Megabise n’estoit pas moins surpris de l’amour d’Arbate que je l’estois ; & depuis quand mon Frere (luy dit-il, s’il m’est permis de donner ce nom à mon Rival) estes vous devenu amoureux d’Amestris ? Depuis le premier moment que je la vy, luy respondit-il ; Quoy, luy dis-je en l’interrompant, vous devintes Amant le jour que je vous y menay ? Ouy cruel Amy, reprit Arbate ; ce fut vous qui me forçastes d’y aller : & qui m’avez forcé en suitte de vous trahir ; de tromper Megabise ; d’offenser Amestris ; & de me deshonorer. C’est pourquoy Aglatidas, poursuivit-il, je ne puis plus estre vostre Amy : & il faut de necessité, que vous mouriez ou que je meure. Il vaudroit mieux, luy dis-je, que vous vous repentissiez de vostre crime : je m’en repentiray, me respondit-il, quand Aglatidas & Megabise n’aimeront plus Amestris. Ha si cela ne doit arriver qu’ainsi (luy dismes nous en mesme temps Megabise & moy) nous n’avons qu’à songer lequel vaut mieux, de vous pardonner ou de vous punir. Comme nous en estions là, nous vismes arriver quantité de gens : qui ayant esté advertis que nous estions sortis de la Ville, venoient nous chercher, ayant eu quelque soubçon de nostre querelle. Le furieux Arbate ne voulant pas estre arresté remonta à cheval : & me dit