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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/498

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donné des marques d’une passion violente ; j’ay creû que je ne devois pas vous tromper, par des esperances mal fondées. Car enfin comme je m’estois resoluë d’obeïr aveuglément à mon Pere, je ne voulois point que mon esprit se determinast à rien. Quoy, luy dit alors Megabise en l’interrompant, si Artambare vous eust commandé de recevoir mes services, vous y auriez consenty ? N’en doutez nullement, luy respondit elle : Mais adjousta-t’il, n’avez vous eu que cette obeïssance aveugle pour Aglatidas, & vostre choix n’avoit il point precedé celuy d’Artambare ? Il ne l’avoit sans doute pas precedé, repliqua cette aimable Personne ; mais Megabise, il l’a depuis si puissamment confirmé, que rien ne me sçauroit faire changer. Ne pensez donc pas, adjousta-t’elle, qu’advoüant que je ne haï point Aglatidas, ce soit vous donner un nouveau sujet d’esperer, que puis que mon cœur est sensible pour luy, il pourroit le devenir pour vous ; Non Megabise, ne vous y trompez point : j’aime Aglatidas, & parce que mon Pere me l’a commandé mesme en mourant ; & parce que mon inclination n’y a pas resisté ; & parce que ma raison mesme m’a parlé en sa faveur. Mais outre cela, il faut encore vous advoüer quelque chose de plus : & vous dire pour vous guerir, quoy que je ne puisse vous le dire qu’en rougissant ; que je l’aime, & l’aimeray enternellement : quand mesme il n’y auroit autre raison à dire, sinon que je l’ay aimé. L’amour, poursuivit elle, est sans doute une passion, que s’il estoit possible, il ne faudroit jamais avoir : Mais apres tout, quand elle est innocente comme la mienne, & quand on l’a reçeuë ; il faut du moins la rendre illustre, par une constrance inviolable. Le commandement de mon