Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/51

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prendre des armes s’ils en avoient ; d’en aller chercher en diligence s’ils n’en avoient point ; ou de s’en faire de tout ce qu’ils rencontreroient ; & meſme du feu & des flames ; pluſtost que de ne le ſecourir pas. Apres donc qu’Artamene eut traverſé une partie de cette Ville embrazée ; & qu’ayant marché tout le long du Port, il fut arrivé proche de la Tour ; il fut bien ſurpris de voir que perſonne ne travailloit plus pour eſteindre le feu, & qu’Aribée s’avançoit pour le combattre. Quoy, s’écria-t’il, je viens pour eſteindre ces flames, & ce ſera moy qui empeſcheray qu’on ne les eſtéigne ? Ha ! non non, mes Compagnons, il ne le faut pas. En diſant cela, il commanda à une partie de ſiens, de ſonger à faire ce que les autres ne faiſoient plus ; pendant qu’il combatroit ceux qui ſembloient en avoir envie. Comme il eſtoit en cét eſtat, & qu’il s’avançoit vers le gros, à la teſte duquel eſtoit Aribée ; il leva les yeux vers le haut de la Tour : & y reconnut le Roy d’Aſſirie : qui par une action toute deſesperée, ſembloit n’avoir autre deſſein, que de choiſir s’il ſe jetteroit dans les flames ou dans la Mer. Cette veuë ayant encore confirmé Artamene, dans la croyance que ſa Maiſtresse n’eſtoit pas morte ; il redoubla les commandemens qu’il avoit deſja faits, d’eſteindre ce feu ; & marcha teſte baiſſée vers ſes Ennemis, qui venoient à luy, avec aſſez de reſolution. Comme il fut proche d’eux, & qu’il reconnut diſtinctement qui eſtoit leur Chef ; Aribée, luy cria t’il, je ne viens pas aujourd’huy pour te combatre, & pour te punir : & il ne tiendra qu’à toy, que je n’obtienne ton pardon du Roy des Medes, ſi tu veux mettre les armes bas ; & m’ayder à, ſauver ta Princeſſe & la mienne. Mais Aribée, qui croyoit ſon crime trop