Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/19

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vers le Prince de Cilicie, pour luy dire la choſe : & pour le prier de faire deffendre par tous les Ports des ſon Païs, que l’on ne laiſſast embarquer nuls Eſtrangers : apres quoy il continua de s’informer de ce qu’il cherchoit, & de ſuivre la route qu’il s’imaginoit que le Roy de Pont auroit pû tenir. Mais comme la nuit les ſurprit, ils s’arreſterent à la premiere Habitation : & dés la pointe du jour ils remonterent à cheval, & marcherent non ſeulement juſques au ſoir, ſans rien aprendre de ce qu’ils vouloient sçavoir, mais juſques au lendemain à midy. Comme la Cilicie en cét endroit n’eſt pas extremement large, ils eſtoient deſja aſſez prés de la Mer, lors qu’ils virent venir vers eux deux hommes à cheval, qu’ils ne pouvoient pas connoiſtre, eſtant encore fort eſloignez : mais en aprochant davantage, Cyrus reconnut le cheval de Feraulas : ſi bien que ſans en rien dire au Roy d’Aſſirie, qui le ſuivit pourtant un moment apres ; emporté par ſa paſſion, il piqua droit vers Feraulas : & il demeura fort ſurpris, de voir que cét autre qui eſtoit aveques luy eſtoit Ortalque : ce meſme homme qui avoit eu ordre d’aller eſcorter Marteſie, & qui avoit tant tardé à revenir. Une rencontre ſi inopinée le ſurprit extrémement : neantmoins comme il croyoit qu’Ortalque ne luy pouvoit dire de nouvelles que de Marteſie ; & qu’il penſoit que c’eſtoit à Feraulas à luy en aprendre de Mandane : quelque eſtime qu’il euſt pour cette ſage Fille, il ne s’en informa point d’abord : & regardant Feraulas, comme pour deviner ce qu’il avoit à luy dire ; & bien, luy dit-il, Feraulas, sçaurons nous où eſt ma Princeſſe, & le Prince de Cilicie a t’il pû faire ce que j’ay ſouhaité de luy ? Seigneur, luy repliqua-t’il, je ſuis