Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/25

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dis-je, il advint que ce Prince vit arriver quatre cens Chevaux de la Suſiane, qui venoient pour querir la Princeſſe. De ſorte que le Roy de Pont ne les vit pas pluſtost, qu’il reſolut de partie dés le lendemain : ce qu’ayant eſté sçeu par Marteſie, elle m’en advertit : & je me reſolus auſſi, quoy que la partie ne fuſt pas égale, à ne laiſſer pas d’attaquer le Roy de Pont dés qu’il marcheroit : ne pouvant plus entreprendre de forcer ce Chaſteau, où il y avoit tant de monde. Cependant Marteſie qui vouloit du moins ſuivre ſa chere Maiſtresse, ſi elle ne la pouvoit pas delivrer ; fit ſi bien, que s’en allant hardiment par cét Eſcalier dérobé à la chambre qui eſtoit vis à vis de celle de la Princeſſe, elle apella Arianite de toute ſa force, & luy dit que ſi leur Maiſtresse n’obtenoit pour elle la permiſſion de luy parler, elle ſe deſespereroit. Cette Fille luy fit ſigne qu’elle euſt patience : & en effet nous sçeuſmes depuis que juſtement dans le temps que Marteſie luy parloit, la Princeſſe aprenoit au Roy de Pont qu’elle eſtoit retrouvée : & : qu’elle vouloit abſolument l’avoir aupres d’elle ; ce que ce Prince luy accorda ; ne sçachant pas que je fuſſe à vous, & croyant que par quelques bizarres avantures elle ſeroit demeurée le long de ce Fleuve, comme Mandane elle meſme y eſtoit depuis demeurée malade. Enfin, Seigneur, Marteſie & ſa Parente, qui ſe portoit beaucoup mieux, auſſi bien que ces autres Femmes, furent miſes aupres de la Princeſſe, qui les receut avec une joye extréme. Cependant il falut qu’elle ſe reſolust à partir, & à s’embarquer, pour aller juſques à la Mantiane, où des Chariots la devoient attendre. Mais Seigneur, pourquoy differer à vous dire que le lendemain j’attaquay les gens qui eſcortoient