Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/41

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quoy le remerciant de l’avoir tiré de la peine où il eſtoit, il ſe mit à parler au Roy de Phrigie en particulier : ſe réjouïſſant de ce que Feraulas pourroit peut-eſtre luy donner quelque advis favorable, puis qu’il ne pouvoit manquer de trouver la Princeſſe. Comme elle eſtoit en un lieu maritime, Cyrus ne jugeoit pas qu’il faluſt tourner teſte de ce coſté là, ſe ſouvenant toujours de l’advanture de Sinope : & il penſoit qu’il valoit mieux attendre qu’elle fuſt à Sardis, y ayant beaucoup d’aparence qu’on l’y conduiroit. Neantmoins l’impatience qu’il avoit de s’aprocher touſjours davantage d’elle, penſa luy faire changer de deſſein, & prendre celuy de partir à l’heure meſme : mais le Roy de Phrigie luy dit qu’il sçavoit encore quelque choſe, qui l’en devoit empeſcher, & l’obliger d’avoir ſeulement trois ou quatre jours de patience. En effet s’eſtant mis à luy parler bas, il parut bien par le viſage de Cyrus, que ce que ce Prince luy diſoit, le ſurprenoit extrémement, & luy donnoit meſme de la joye & de l’eſperance. Le Roy d’Aſſirie eſtant arrivé, Cyrus forcé par ſa generoſité & par ſa parole, luy aprit ce qu’il sçavoit de Mandane, & luy dit fidellement l’eſtat des choſes : le Roy d’Aſſirie en fut auſſi agreablement ſurpris que luy : mais enfin ayant trouvé que le Roy de Phrigie avoit raiſon, & qu’il faloit attendre l’advis qu’il devoit recevoir, auparavant que de rien entreprendre : Cyrus dit en ſuitte à ce Prince, qu’il vouloit sçavoir plus au long la merveilleuſe avanture dont il ne luy parloit qu’en paſſant, n’eſtant pas juſte qu’il ne s’intereſſast pas autant aux choſes qui le touchoient en particulier, qu’il faiſoit à celles qui le regardoient. Le