Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/268

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plus de remede. Neantmoins le Capitaine des Gardes eſtant monté à Cheval, avec deux cens hommes ſeulement, qu’il ſepara en diverſes Brigades ; une de ces Troupes qui eſtoit de douze, rencontra Philidaſpe, qu’ils connurent pluſtost aux armes qu’il portoit, que des Paſſans leur avoient deſignées, qu’ils ne le connurent au viſage. Parce que l’on croit que pour demeurer plus ſeurement en ce Païs, où l’on penſe qu’il a toujours eſté caché il s’eſt changé le taint d’une façon qui le rend méconnoiſſable. Ces douze hommes l’ayant donc reconnu, comme je l’ay dit, & veû un grand Pavillon tendu, où ſans doute eſtoit la Princeſſe : y ayant apparence qu’il campera touſjours juſques à ce qu’il ſoit fort eſloigné : un d’entre eux retourna ſur ſes pas, pour en advertir leur Capitaine : afin qu’il vinſt renforcer les ſiens, que des Inconnus qui avoient pris le Party de Philidaſpe, pouvoient mettre en danger d’eſtre deffaits : mais il fut ſi malheureux, qu’il ne le rencontra point. Deſesperé donc qu’il fut de ne le pouvoir trouver, il retourna à toute bride au lieu où il avoit laiſſé ſes Compagnons aux mains avec Philidaſpe, & avec ces gens que le hazard avoit fait rencontrer en ce lieu là : Mais Dieux, il y trouva dix de ſes Compagnons morts, & n’y trouva point l’onzieſme. Il vit encore le Pavillon tendu, mais il n’y avoit plus perſonne dedans : & il ne trouva nulles marques qu’il y euſt ſeulement eu un des gens de Philidaſpe tué. Ainſi Seigneur, cét homme eſt venu advertir le Roy, qui s’eſt rendu icy en grande diligence, auſſi toſt qu’il a sçeu cét accident : l’on a envoyé par tous les Ports, pour empeſcher Philidaſpe de paſſer,