Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/293

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le Prince de Paphlagonie fut fait priſonnier ; & preſque tout ce qu’il y avoit de perſonnes conſiderables en l’Armée d’Aſſirie perirent, ou changerent de party. Enfin Seigneur (pourſuivit Feraulas, parlant touſjours à Thraſibule) l’on euſt dit que les Dieux combatoient pour Artamene : eſtant certain qu’il ne s’eſt jamais veû tant de Grands Princes enſemble, opiniaſtrer ſi peu la victoire. Ce n’eſt pas apres tout, qu’elle ne fuſt touſjours difficile à remporter : parce qu’encore que tous n’euſt pas bien combatu, il y en avoit touſjours eu aſſez, pour donner bien de la peine, veû l’inegalité du nombre. Il eſt certain que ſans flater les Perſans, les Homotimes firent des miracles en cette occaſion : & que la Cavalerie Medoiſe, auſſi bien que celle des Hircaniens, y fit un merveilleux effet. Cependant dans ce grand deſordre, le Roy d’Aſſirie qui en toute autre rencontre le ſeroit peut-eſtre fait tuer, avant que de laſcher le pied ; ſe retira dés qu’il eut perdu l’eſpoir de vaincre : & que Maragdus Roy d’Arrabie eut eſté tué apres de luy : craignant ſans doute que ſi le bruit de ſa deſfaite euſt devancé ſon retour à Babilone, il n’y fuſt arrivé quelque eſmotion qui euſt pû faire ſauver la Princeſſe. Cette prompte retraite fut certainement ce qui confirma le bruit de ſa mort : les Troupes Capadociennes Craignant de tomber ſous la puiſſance de Ciaxare, c’eſt a dire ſous celle d’un Maiſtre juſtement irrité, furent celles qui ſe joignirent à une partie des Aſſiriennes, pour faire eſcorte au Roy d’Aſſirie : & je ne ſouviens que mon Maiſtre ayant veû fuir ces Capadociens, ſe mit à leur crier en les pourſuivant, Pourquoy fuyez vous avec les vaincus ? Et que ne venez vous pluſtost triompher avec les Vainqueurs ?