Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/294

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Mais ce fut en vain qu’il leur parla, pour les faire revenir à luy : la honte & la crainte empeſchant leur repentir. De vous dire maintenant le nombre des morts ; celuy des priſonniers ; l’abondance des armes & des chevaux ; le grand nombre de chariots ; de Tentes ; & toute la richeſſe du butin, ce ſeroit une choſe inutile : mais je vous diray ſeulement, qu’Artamene obligea Ciaxare à le donner tout entier aux Soldats : & qu’en ſon particulier, il ne ſe reſerva que la liberté de pouvoir donner plus ou moins, ſelon qu’il connoiſſoit que les Capitaines en eſtoient dignes. Tous les Homotimes ny tous les Perſans, ne ſe chargerent point de butin : Artamene voulut pourtant, que les premiers acouſtumez à combatre à pied, priſſent les plus beaux chevaux des Ennemis : & de cette ſorte, il fit la premiere Cavalerie Perſienne qui euſt eſté veüe en Aſie. Mais enfin quoy que cette deffaite de tant de Rois ; & l’amitié qu’il avoit contractée avec tant de Princes, qui en ſa conſideration avoient pris le party du Roy de Medie, deuſt en quelque ſorte le ſatisfaire : neantmoins le Roy d’Aſſirie n’eſtant ny mort ny priſonnier ; & la Princeſſe eſtant touſjours dans Babilone ; il luy ſembloit certainement qu’il n’avoit encore rien fait. Auſſi ne fut il pas long temps en repos : & deux jours apres la Bataille, on prit le chemin deBabilone. Nous sçeuſmes en y allant, que le Roy de Lydie s’eſtoit eſtectiuement retiré : & que celuy de Phrigie, quoy que meſcontent du Roy des Aſſiriens, attendoit pourtant, comme je l’ay deſja dit, de voir comment iroient les choies. Mais comme mon Maiſtre euſt bien voulu oſter un ſi puiſſant appuy à ſon Ennemy ; il détacha un Corps conſiderable ſous la conduite d’Hidaſpe, pour