Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/298

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point la ſurprise des Habitans ; l’effroyable deſordre de cette nuit ; les combats qu’il falut rendre en quelques en droits ; la facilité qu’Artamene trouva en d’autres ; & comme quoy une grande ſedition qui eſtoit dans leur Ville aida à leur perte. je ne vous diray pas non plus, de combien de voix l’air retentiſſoit ; la deſolation des femmes ; & l’eſtonnement univerſel du Peuple. Mais je vous diray qu’Artamene ſans ſonger à rien qu’à Mandane, ſe fit conduire en diligence au Palais. D’abord les Gardes firent quelque reſistance : mais tout d’un coup un d’entre eux ayant crié que le Roy eſtoit ſauvé : ils abandonnerent les Portes ; jetterent leurs armes ; & laiſſerent Artamene Maiſtre du Palais. Mais, ô Dieux ! ce fut en vain qu’il appella, & qu’il fut chercher Mandane : il ne vit ny le Roy d’Aſſirie, ny la Princeſſe : & ne pût meſme trouver perſonne qui luy peuſt dire ce qu’ils eſtoient devenus. Pour Hidaſpe, ſelon le commandement que luy avoit fait Artamene, il s’eſtoit aſſuré de toutes les Places publiques, avoit avancé des Corps de Gardes en divers en droits, & s’eſtoit tenu toute la nuit ſous les armes : de ſorte qu’à la pointe du jour, plus de la moitié de l’Armée de Ciaxareſe trouva dans la Ville : & Artamene ſe vit Maiſtre de Babilone, à la reſerve de deux Chaſteaux, qui ſe rendirent dés le meſme jour. Mais ny dans le Palais des Rois, ny dans les Chaſteaux ; ny dans les Temples ; ny meſme dans les Maiſons (car Artamene chercha & fit chercher par tout) le Roy d’Aſſirie ny la Princeſſe Mandane ne ſe trouverent point, & il y eut ſeulement quelques unes des femmes Aſſiriennes que l’on avoit miſes aupres de la Princeſſe, & qui ne l’avoient pas ſuivie ; qui dirent qu’à l’entrée de la nuit