Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/329

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Feraulas eſtant demeurez apres ces Rois, luy dirent le nom de tous ceux qui avoient entendu raconter ſon hiſtoire ; & il leur fit encore quelques reproches de l’avoir deſcouvert à tant de monde. Mais, Seigneur, luy dirent ils, par quelle voye pouviez vous eſperer de rompre vos chaiſnes, pour aller delivrer la Princeſſe, ſi tant d’illuſtres Amis que vous avez, n’euſſent sçeu voſtre innocence ? Ha ! fi ce que vous avez dit peut me faire mettre en liberté, leur dit il, vous avez eu raiſon, & j’ay ſujet de vous remercier. En fuite il leur parla delà joye qu’il avoit euë de sçavoit que Mandane n’avoit pas pery : & de l’inquietude où il eſtoit, d’ignorer abſolument, entre les mains de qui la Fortune l’avoit fait tomber. Car, diſoit il, le Roy d’Aſſirie comme vous le sçavez auſſi bien que moy, eſt à Pterie preſentement : & l’on vous aſſura que Mazare eſtoit mort. Enfin paſſant d’une choie à une autre, & ne parlant toutefois que de ce qui regardoit ſon amour ; il retint encore aſſez long temps aupres de luy Chriſante & Feraulas. Ils ne furent pas ſi toſt ſortis, que Perſode, Hidaſpe, & Aduſius entrerent : à ceux-cy ſuccederent Gobrias, Gadate, & Megabiſe : & à ceux là encore, Thraſibule, Thimocrate, Philocles, & Aglatidas. Enfin de tous ceux qui avoient eu la permiſſion de le voir, il n’y en eut aucun qui ne s’en empreſſast extrémement. Artamene agit avec ceux qui sçavoient ſon hiſtoire, comme il avoit agy avec les Rois de Phrigie & d’Hircanie : & avec ceux qui ne la sçavoient pas, de la maniere dont il eſtoit convenu avec ces Princes.

Cependant Ciaxare ſur la nouvelle qu’il avoit reçeuë, depeſcha vers le Roy d’Armenie, & choiſit Megabiſe pour cet effet :