Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/378

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la magnificence de Babilone, pourroit peut-eſtre toucher le cœur d’une jeune Princeſſe ; fit qu’il ſe conſola un peu pluſtost qu’il n’euſt fait en une autre Saiſon, de la perte d’une Reine, qui mit un deüil univerſel en l’ame de tous les Sujets. Cependant Mazare eſcrivit au Roy, qu’il eſtoit à propos qu’il allaſt le pluſtost qu’il pourroit ſe faire voir à ſes Peuples : & que le Throſne eſtoit un lieu, qu’il ne faloit pas laiſſer longtemps vuide, de peur que quelqu’un neuſt la tentation de le vouloir remplir. Neant moins il n’y eut point de raiſon d’Eſtat aſſez forte, pour l’obliger à quitter la princeſſe, pour aller à Babilone. Au contraire, il manda à Mazare, qu’il preparaſt a loiſir toute la pompe de ſon Entrée : & qu’il luy envoyaſt tout ce qui eſtoit neceſſaire pour cela, & pour y conduire la princeſſe de Medie : car depuis la mort d’Aſtiage, il ne la fit plus nommer la Princeſſe de Capadoce. J’oubliois de vous dire ; ſage Chriſante, qu’apres la mort de la Reine Nitocris, la princeſſe par mes conſeils, avoit envoyé teſmoigner au nouveau Roy, qu’elle eſtoit bien marrie de la mort de la Reine ſa mere : & qu’en ſuitte il eſtoit venu la remercier de cette civilité, que j’avois bien eu de la peine à obtenir d’elle : bien qu’il euſt fait ce que je luy conſeillois de faire, lors qu’Aſtiagesut mort. Mais pour revenir à ce qui me reſte à vous dire, le Roy d’Aſſirie vint un jour dans la Chambre de Mandane, apres luy en avoir envoyé demander la permiſſion : & l’ayant ſalüée avec beaucoup de reſpect, Madame, luy dit il fort galamment ; l’Euphrate eſt jaloux de l’honneur que le Tigre a reçeu à ſon prejudice : & il eſt bien juſte que la premiere Ville du monde poſſede à ſon tour, la plus illuſtre princeſſe de la Terre. Quand je vous ay demande