Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/636

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cruelle, tous ſes illuſtres Amis n’avoient autre penſée que celle de ſonger à l’en tirer. Ariobante que Ciaxare avoit laſſé Regent du Royaume, vint de Themiſcire à Sinope : tant pour luy rendre conte de ſon adminiſtration, que pour l’advertir que tous les Habitans de Themiſcire, d’Amaſie, & de toute cette partie de la Capadoce, qui n’eſtoit pas revoltée, diſoient hautement, qu’il faloit envoyer des Deputez au Roy, pour le ſupplier de remettre Artamene en liberté. Enfin Seigneur, dit Ariobante à Ciaxare, toute la Galatie dit la meſme choſe : & vos trois Royaumes tous entiers, ne peuvent fouſtrir qu’un homme qu’ils reverent comme un Dieu toit dans les fers ; car ce que je vous dis de Galatie & de Capadoce, je l’ay auſſi entendu dire de toute la Medie. Ciaxare eſcouta Ariobante ſans luy reſpondre preciſément : parce qu’il attendoit la reſponse du Roy d’Armenie, auparavant que de ſe determiner à rien. Cependant Chriſante & Feraulas agiſſoient continuellement : & par leurs ſoins, & par l’affection que tant de Rois & tant de Princes avoient pour Artamene, Ciaxare n’eſtoit jamais ſans qu’il y euſt aupres de luy quelqu’un qui luy parlaſt pour cét illuſtre priſonnier. Le Roy de Phrigie n’en eſtoit pas pluſtost ſorti, que celuy d’Hircanie y entroit ; A celuy là ſuccedoit Perſode ou Hidaſpe : à ceux-cy Artibie ou Aduſius : Enfin, ſoit par Agiatidas, par Thimocrate, par Philocles, par Gobrias, par Gadate, par Thrafibule, par Madate, ou par Artucas, le Nom d’Artamene eſtoit continuellement prononce. Si Ciaxare alloit au Temple, les Sacrificateurs luy en parloient : s’il alloit dans les rues de Sinope, les Habitans je mettoient