Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/639

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luy dis-je, ſi vous ne me dites autre choſe, j’ay ordre de vous dire que le Roy mon Maiſtre viendra luy meſme vous redemander la Princeſſe ſa Fille, avec une Armée de cent mille homes. Allez donc en diligence, me dit il, luy dire qu’il Ce prepare à partir : & advertiſſez le qu’il n’y a point de plus vaillans Soldats au monde, que ceux qui combattent pour leur liberté : & que puis qu’Arramene eſt en priſon, comme je l’ay sçeu, le Prince Tigrane mon Fils, ne fera pas à mô aduis difficulté de le combatre : & peut-eſtre ne trouvera t’il pas touſjours la Victoire diſposée à ſuivre ſes pas. Megabiſe sçavoit bien que ce n’eſtoit pas eſtre judicieux, que de parler de cette ſorte à Ciaxare devant tant de monde : & de raconter ſi preciſément, ce que le Roy d’Armenie avoit dit d’Artamene : mais croyant que peut-eſtre cela ne luy ſeroit il pas inutile, il s’y eſtoit reſolu. Il acheva ſon recit, en diſant encore que depuis qu’il avoit eſté ſorty de chez le Roy d’Armenie, on luy avoit fait commandement de partir d’Anaxate dés le lendemain : & qu’on luy avoit donné des Gardes, qui ne l’avoient point abandonné, qu’il n’euſt eſté à l’extrémité des Frontieres d’Arménie. Ciaxare entendant la reſponse de ce Prince, en fut en une colere eſtrange : & ſe reſolut à la guerre contre luy. Non non, dit il, je ne doute point que Mandane ne ſoit en Armenie : elle l’a eſcrit ; Marteſie l’a confirmé, & la reſponse de ce Prince audacieux me le dit aſſez. Mais encore (dit le Roy de Phrigie parlant à Megabiſe) ne vous eſtes vous point informé de quelqu’un, s’il eſtoit arrivé quelque Princeſſe eſtrangere en cette Cour là ? Ouy, dit il, Seigneur, & j’ay effectivement apris, qu’il y quelque temps