Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/682

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la vie de leur Tyran, ou du moins de celuy qui le devoit eſtre un jour ? Nous vous demandons la vie, dirent ils tous, d’un homme que les Dieux ont fait naiſtre pour eſtre en effet le Maiſtre legitime de tous les hommes, tant ils ont donné de vertus : & qui pouvant tour entreprendre pour ſortir de priſon, adjouſta Hidaſpe, ne l’a jamais voulu faire. un homme dis-je, pourſuivit Gobrias, qui n’a veſcu que pour vous : Dittes encore, adjouſta Gadate, un homme qui n’a vaincu que pour luy, & qui a touſjours vaincu. un Prince, Pourſuivit Traſibule, qui s’eſt fait des adorateurs les plus ſages de toute la Grece : Et qui s’eſt fait les Amis, adjouſta le Roy d’Hircanie, de tous eux meſme dont il a eſté vainqueur. Dittes encore, pourſuivit Perſode, qui s’eſt fait admirer par ſes plus mortels ennemis : Et adjouſtez, dit Aglatidas, à qui ſes plus mortels ennemis doivent aux meſmes la vie, tant il eſt vray que le deſtin d’Artamene eſt glorieux & extraordinaire. Dites encore, interrompit Artibie, que ceux qui à peine le connoiſſent, ne laiſſent pas d’eſtre chargez de ſa vertu, & d’eſtre preſts à mourir pour luy : Pour moy, adjouſta Thimocrate, je tiendrois ma vie bien employée, ſi elle pouvoit ſauver celle d’un Prince ſi illuſtre : En effet, reprit Philocles, voſtre fort ſeroit digne d’envie ſi vous obteniez cette grace : car quelle loüange ne meriteroit pas un homme qui auroit conſervé un Prince ſi vertueux ? un Prince, reprit Megabiſe, qui poſſede la valeur au dernier point : Qui eſt auſſi liberal que vaillant, pourſuivit Arabaſe : Qui n’eſt pas moins prudent que courageux, adjouſta le Prince de Licaonie : Qui eſt auſſi doux apres la victoire que furieux dans les combats, repliqua Madate : De qui la reputation eſt