Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/74

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me dit elle en prenant ce qu’il luy avoit escrit) que je serois ingratte si sa perte ne me touchoit sensiblement : & si je ne faisois pas apres sa mort, tout ce qu’il a pu desirer de moy. Car (dit elle, en se tournant un peu de mon costé) je m’imagine que cét Homme illustre, aura voulu me recommander les siens : & me demander pour eux, les recompenses qu’il n’a jamais demandées pour luy. Je ne sçay, Madame, luy dis-je, ce que mon Maistre vous a escrit : mais je sçay bien que ceux qui ont eu l’honneur d’estre à luy ne demandent plus que la mort, & ne pretendent plus rien à la Fortune ny à la vie. Cependant, la Princesse apres avoir essuyé les larmes qu’elle ne pouvoit retenir, se mit à lire ce que mon Maistre luy mandoit : qui à ce que Martesie m’a dit depuis, estoit à peu prés en ces termes.

ARTAMENE
A LA PRINCESSE
DE CAPADOCE.


AVparavant que de lire ce qu’un Prince malheureux vous escrit ; souvenez vous de grace, que celuy qui prend la liberté de vous parler, ne vous parlera plus jamais : & qu’il n’a pû se resoudre de perdre le respect qu’il vous devoit, qu’apres avoir perdu