Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/153

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ay ſoufferts, à ceux qu’endure Thimocrate. Vous me permettrez d’en douter, repliqua cet Amant abſent : pour en juger, interrompit Erenice, il faut entendre vos malheurs, & pour les entendre, dit Aglatidas, il faut ne parler plus & les eſcouter. Il eſt vray, reprit Marteſie, mais comme Thimocrate par ſes raiſons, pourſuivit elle, a ce me ſemble parlé le premier de Philocles qui ſoustient que n’eſtre point aime, eſt le plus grand mal de l’amour : qu’en ſuitte il a reſpondu â ce que pourroit dire le Prince Artibie, qui croit que le plus rigoureux ſuplice de cette paſſion, eſt de voir mourir ce que l’on aime : & qu’ainſi Leontidas qui met la jalouſie pour le tourment le plus cruel de tous, a eſté nommé le dernier : il me ſemble Seigneur, dit elle regardant Cyrus, qu’il faudroit ſuivre cét ordre ; & que Philocles devroit parler le premier des trois qui reſtent. Cyrus ayant aprouvé ſon opinion, & Philocles s’eſtant placé vis à vis de luy & de Marteſie qui le devoit juger, il commença ſon diſcours en ces termes.


L’AMANT NON-AIME.

SECONDE HISTOIRE.

Comme vous sçavez la fin de mon avanture, auparavant que