Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/157

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Fille de Periandre : J’avouë que ce voyage me donna quelque plaiſir ; parce que j’avois une ſi forte envie de connoiſtre la Princeſſe des Lindes, que l’on n’en peut pas avoit davantage : ayant tant entendu dire de choſes de ſon eſprit & de ſa vertu, que comme je n’avois encore nul attachement à Corinthe, je fus bien aiſe d’en partir. Comme la Princeſſe Cleobuline me faiſoit l’honneur de m’eſtimer plus que je ne meritois ; & qu’elle avoit un commerce tres particulier avec cette excellente Perſonne, à cauſe de la conformité qui ſe trouvoit en leur eſprit & en leur humeur : elle me fit la grace de luy eſcrire une Lettre, avec intention de me la donner, afin que l’en fuſſe mieux reçeu. Et comme cette flateuſe & Obligeante Lettre a eſté la cauſe de mon amour ; je l’ay ſi bien retenuë, que je ne penſe pas y changer une parole en vous la recitant. Ce n’eſt pas que je ne rougiſſe de confuſion, d’eſtre obligé de vous la dire, pour vous faire mieux comprendre la naiſſance de ma paſſion : Mais puis qu’elle eſt le commencement de mon avanture, il faut que je vous la die. Voicy donc comme elle eſtoit.