Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/160

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dont je ne vous parle point : quoy qu’elle ſoit plus belle que ſon eſprit. Apres cela vous vous ſouviendrez s’il vous plaiſt, qu’il eſt mon Parent, que vous m’avez promis d’eſtimer tout ce qui m’eſt cher ; & que je ſuis touſjours

CLEOBULINE.


Cette flateuſe Lettre eſtant eſcrite, la Princeſſe comme je fus prendre congé d’elle, me dit avec autant de galanterie que de civilité, qu’elle m’engageoit à bien des choſes, par la Lettre qu’elle eſcrivoit à l’illuſtre Eumetis : mais qu’elle n’en eſtoit pourtant pas en peine ; sçachant bien que je ne la ferois pas paſſer pour perſonne preoccupée. Madame, luy dis-je, ce que vous me dittes me fait peur ; & j’aprehende bien que voulant m’eſtre favorable ; vous ne me détruiſiez. Voyez (me dit elle, en me donnant ſa Lettre ouverte) ſi vous ne ſoustiendrez pas dignement ce que je dis de vous. Je voulus alors m’excuſer de la voir : touteſfois me l’ayant commandé, je me mis en eſtat de luy obeïr. Mais à peine eu— je leû la premiere page, que rougiſſant de honte, & n’oſant plus continuer de lire : Ha, Madame luy dis-je, que faites vous ! & que vous ay-je fait, que vous veüilliez me rendre un mauvais office, d’une maniere ſi ingenieuſe ? Non Madame (luy dis-je encore en la luy voulant rendre) je ne sçaurois me reſoudre de porter moy meſme ce qui me doit deſhonnorer. Vous le verrez du moins, me dit elle en riant, quand ce ne ſeroit que pour vous aprendre comme vous devez eſtre, ſi vous ne voulez pas tomber d’acord que vous ſoyez ce que je dis : & comme je m’en deffendis encore, elle reprit la Let