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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/208

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volonté que la mienne n’eſt pas entierement tiranniſée par mon Pere. Pour n’eſpouser pas celuy que je n’aime point, il faut me priver de celuy que j’euſſe ſans doute aimé, s’il m’euſt eſté permis de le faire. Mais qu’y ferois-je ? ma cruelle deſtinée le veut ainſi. Cependant ſouvenez vous que je pretens eſtre obeïe : & que je ne veux point du tout, ni que vous querelliez Philocles, ni qu’il vous querelle à ma conſideration. Car comme il ſe prive de tout ce qu’il aime pour l’amour de moy, qui eſt moy meſme : il eſt juſte que vous en faſſiez autant que luy, pour le repos de

PHILISTE.


Dieux que cette Lettre me donna de divers ſentimens ! tanſtost j’avois quelque plaiſir à penſer qu’Antigene ne verroit plus Philiſte : & un moment apres j’eſtois tres affligé, de voir combien j’eſtois mal dans ſon eſprit. Je penſay cent & cent fois, changer de reſolution : & cent & cent fois auſſi je demeuray déterminé à ſuivre celle que j’avois priſe. Et en effet, j’obligeay un de mes Amis d’aller trouver Alaſis, & de le ſuplier tres humblement de ne vouloir pas forcer Philiſte : & de luy donner du moins quelque temps à ſe reſoudre. Qu’auſſi bien faloit il que je fiſſe un voyage, pour une affaire qui m’eſtoit ſurvenuë, qui me forçoit à partir de Corinthe dans peu de jours. D’abord cét homme ſoubçonna quelque choſe de la verité, & voulut abſolument que ſans s’arreſter à l’ave