Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/349

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pour vous les faire connoiſtre plus particulierement, ne vous dire pas ſeulement ceux de la Princeſſe de Araminte : mais il faut encore vous apprendre une partie de ceux de ſes Peres : car c’eſt ainſi que ſa generoſité luy fait appeller l’uſurpation qu’ils ont faite du Royaume de Bithinie : qui eſt la veritable cauſe de tous les maux qu’elle ſouffre, & de tous ceux qu’elle ſouffrira. Vous sçavez Seigneur, vous qui avez tant gagné de Batailles en ce lieu là, que le Royaume de Pont, & celuy de Bithinie, ne ſont ſeparez que d’une Riviere : de ſorte qu’il n’eſt pas eſtrange, qu’un Roy de Pont ambitieux, ait voulu porter ſes bornes au de là : mais je penſe que les voyes dont il ſe ſervit, vous le ſembleront de telle ſorte, qu’à peine pourrez vous en ſouffrir le ſimple recit. Vous sçaurez donc. Seigneur, que l’Ayeul de la Princeſſe Araminte, eſtoit un Prince violent, jaloux de ſon authorité, & le plus entreprenant du monde : auſſi toute ſa vie ſe paſſa t’elle en guerre contre ſes voiſins : tantoſt contre le Roy de Phrigie ; tan toſt contre le Roy de Capadoce & de Galatie ; & tantoſt contre le Prince des Paphiagoniens. Mais en toutes ces guerres, il fut toujours puiſſamment aſſisté du Roy de Bithinie qui regnoit alors, Pere d’Arſamone, qui vient de la reconquerir. Neantmoins il luy voulut mal dans le fond de ſon cœur, de ce qu’il s’oppoſa une fois à une nouvelle guerre qu’il vouloit entreprendre contre la Capadoce, ſans ſujet & ſans raiſon : car comme la Bithinie ſepare le Pont de la Galatie, il ne le pouvoit faire ſans que ce Prince luy donnaſt du moins paſſage par ſes Eſtats, & il le luy refuſa. Depuis cela il regarda donc toujours la Bithinie comme un obſtacle à ſes ambitieux deſſeins : mais