Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/354

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bien juger Seigneur, qu’elle ne manqua pas d’obeïr à un commandement ſe juſte : car puis que je vous ay dit qu’elle avoit l’honneur d’eſtre eſtimée d’une ſi excellente Princeſſe, je vous ay ce me ſemble aſſez fait connoiſtre qu’elle n’y pouvoit pas manquer. Et certes il n’eſtoit pas difficile de porter à aimer, ce qui eſtoit ſe aimable : car il faut advoüer que jamais l’on ne peut rien voir de plus joly, que l’eſtoit cette petite Cour de jeunes Princes, & de jeunes Princeſſes. Mais entre les autres, Spitridate fils aiſné d’Arſamone, & la Princeſſe Araminte eſtoient admirables : pour le premier. Seigneur, vous n’avez qu’à, vous ſouvenir de voſtre enfance, pour vous l’imaginer ; eſtant cetain qu’il y a une reſſemblance prodigieuſe encre vous & luy. Et pour la Princeſſe de Pont, vous n’avez ce me ſemble qu’à la regarder, pour juger qu’il faut qu’elle ait eſté belle dés le Berceau. La Sœur de Spitridate nommée Ariſtée, eſt auſſi une tres belle Perſonne comme vous le sçavez : & le Prince Sinneſis, frere aiſné d’Aryande qui eſt aujourd’huy Roy de Pont, eſtoit beau & de bonne mine auſſi bien que ſon Frere que vous connoiſſez : & le plus jeune des fils d’Arſamone nommé Euriclide, eſtoit encore un fort beau Prince. Voila donc Seigneur, quelle eſtoit alors la Cour de Pont : de ſorte que comme la paix ſembloit eſtre en ce temps là aſſez ſolidement eſtablie, on ne ſongeoit qu’à bien eſlever ces jeunes Princes & ces jeunes Princeſſes : & qu’à leur donner tous les honneſtes plaiſirs dont leur âge eſtoit capable. Le Roy de Pont meſme commanda à ma Mere par Politique, de faire la meſme choſe, que la Reine ſa femme luy avoit ordonné par vertu : car il s’imagina que ſe ſon Fils aiſné eſpousoit