Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/372

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mais n’aimant Ariſtée qu’avec des ſentimens tres purs, & sçachant bien que le Roy conſentira que je l’eſpouse : je penſe que ſans vous offencer, je puis vous conjurer comme je fais, d’employer toute voſtre adreſſe, à me la rendre favorable. Je trouve, luy repliqua la Princeſſe, voſtre choix ſe juſte & ſe raiſonnable, que je n’ay garde de le condamner : & s’il ne tient qu’à parler en voſtre faveur à la Princeſſe Ariſtée que vous ne ſoyez ſatisfait, je le feray aveque joye : quoy qu’à mon advis ce que vous appellez rigueur en elle, ne ſoit qu’un pur effet de ſa modeſtie : & de ce que peut-eſtre elle ne croit pas que vous ayez effectivement deſſein de l’eſpouser : ne regardant voſtre paſſion, que comme une ſimple galanterie. Pardonnez moy ma Sœur, luy dit il, cette belle Perſonne sçait tous mes ſentimens tels qu’ils ſont : & ſa froideur vient ſans doute de quel que cauſe cachée que je ne puis comprendre. Je feray tout ce qui me ſera poſſible pour la deſcouvrir, repliqua la Princeſſe, & je l’iray voir dés demain, afin de l’entretenir avec plus de liberté chez elle, que je ne ferois icy. Vous avez une autre voye de me rendre office, reſpondit il, bien plus aiſée & bien plus puiſſante que celle là : c’eſt donc à vous à me la dire, reprit la Princeſſe : puis que vous ne la devinez pas, repliqua t’il, ou du moins que vous ne la voulez pas deviner, j’ay peur que vous ne la veüilliez pas prendre. Mais croyez vous Seigneur, luy reſpondit elle en riant, que l’on devine ce que l’on veut ; & pouvez vous me ſoubçonner de ne vous vouloir pas ſervir ? Puis que vous m’aſſurez que ma crainte eſt mal fondée, reprit il, faites donc ma chere Sœur que la Princeſſe Ariſtée n’ait point de ſujet de ſe