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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/413

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LA PRINCESSE ARAMINTE A SPITRIDATE.

Je voudrais que vous peuviez eſtre innocent & heureux tout enſemble : toutefois puis que la malignité de mon deſtin veut que vous ne ſoyez juſtifié dans mon eſprit que par des ſouffrances : je vous advouë en rougiſſant, que j’aime encore mieux que vous ne ſoyez point coupable, & que vous ſoyez malheureux : que ſi vous eſtiez criminel, & que vous n’euſſiez point d’in fortune. Neantmoins je ſens pourtant voſtre priſon comme je dois : & je ne sçay meſme ſi la douleur que j’en ay, demeure dans les juſtes bornes que la raiſon luy doit preſcrire. Cependant comme je ne demande rien de vous contre voſtre gloire, n’attendez rien de moy contre la mienne : afin du moins que ſi nous avons à eſtre touſjours infortunes, nous facions advouër à tout le monde, que nous meritons d’eſtre plus heureux.

ARAMINTE. Apres que la Princeſſe m’eut montré & fermé ſa Lettre, elle la donna à celuy qui