Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/449

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viens enfin vous de mander, ſi je dois y combattre pour vaincre ou pour mourir ? Si je dois, dis-je, meſnager ma vie où l’abandonner ? car c’eſt de voſtre ſeule volonté que dépend abſolument mon deſtin. Ouy Ma dame, ſi vous me permettez d’eſperer, il pourra eſtre que je vivray ; que je vaincray ; & que je reviendray aupres de vous : mais ſi vous continuez de me dire que l’eſperance eſt un bien où je ne dois point avoir de part : preparez vous au moins Madame, à me dire aujourd’huy le dernier adieu ſans aigreur : puis que les Dieux vous aiment trop ſans doute, pour conſerver ce que vous aurez voulu perdre, & pour me retirer des perils où le m’expoſeray. Parlez donc, Madame, au nom des Dieux : mais parlez avec ſincerité, ſi vous ne le pouvez faire avec douceur : & ſouvenez vous de grace, que celuy que vous vouliez rendre heureux ne le peut jamais eſtre : & qu’ainſi vous avez ce me ſemble moins de droit de me maltraitter. Si le Prince Spitridate, adjouſta t’il, pouvoit un jour joüir en repos de voſtre affection, je vous proteſte devant les Dieux qui n’eſcoutent, que ſans traverſer voſtre felicité, je mourrois meſme ſans me pleindre : mais puis que la Fortune a mis un obſtacle invincible à ſon bonheur, pourquoy ne voulez vous pas que je ſois heureux ? Et pourquoy divine Princeſſe, vous oppoſez vous à ma gloire ? Je ne demande pas que vous m’aimiez : je demande ſeulement que vous ne me haïſſiez point, & que vous ayez quelque complaiſance pour la volonté du Roy. Peuſt aux Dieux Pharnace, repli qua la Princeſſe, que voſtre repos dépendiſt de moy comme vous le croyez : mais pour vous montrer que le ſujet de pleinte que j’ay creû avoir de vous