Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/454

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Pour Pharnace il y fut avec des ſentimens bien differents : car il y fut avec l’eſperance d’y perir, & d’y voir mourir ſon Rival. Mais auparavant que de partir pour aller combatre, il eſcrivit ces mots à la Princeſſe. PHARNACE A LA PRINCESSE ARAMINTE.

Si la Fortune ſeconde mes deſſeins, je vay en un lieu où je vaincray en mourant : & où je feray connoiſtre par mon genereux deſespoir, que ſi je n’ay pû meriter voſtre affection par mes ſervices, je ne me ſeray du moins pas rendu indigne de voſtre compaſſion par ma mort.

PHARNACE. En effet, Seigneur, vous sçavez qu’il combatit en homme extraordinaire, & qu’il mourut en Heros. Pour Artane, vous n’ignorez pas, à mon advis, que ce qui le fit tenir caché, pendant que Pharnace ſeul vous reſistoit, fut l’eſperance qu’il eut que vous le defferiez du ſeul Rival qui l’importunoit, car il ne contoit plus Spitridate : & qu’ainſi l’amour agiſſant diverſement, fit que Pharnace fut encore plus vaillant qu’il n’avoit jamais eſté, & Artane plus laſche qu’on ne peut ſe l’imaginer. Auſſi quand nous sçeuſmes la mort de Pharnace, & qu