garantir la Princeſſe des rayons du Soleil. De ſorte que le lendemain au matin, Spitridate qui avoit reçeu aveque joye la permiſſion de voir la Princeſſe, ne manqua pas, aupres avoir rangé ſes Troupes en Bataille à la veuë de la Ville ; & avoir fait avancer cinq cens hommes de pied juſques au bout de ce Pont, ſuivant ce qui avoit eſté convenu : de s’avancer luy meſme, ſuivy de deux cens Chevaux ſeulement. La Princeſſe d’autre coſté, commanda que toutes les Murailles de la Ville fuſſent bordées de gens de guerre : & que pareil nombre d’Infanterie & de Cavalerie occupaſt l’autre bout du Pont. Elle ne sçeut pas pluſtost que Spitridate eſtoit arrivé, qu’elle partit pour y aller : mais ſi belle, que j’eſtois eſtonnée de voir enſemble tant de beauté, & tant de melancolie. Comme j’avois apprehendé qu’en allant depuis le bout de ce Pont juſques au milieu, le Soleil ne l’incommodaſt ; j’avois obligé ſes Femmes de la coiffer comme lors qu’elle alloit à la Chaſſe, du temps qu’elle eſtoit à Heraclée : c’eſt à dire avec quantité de plumes volantes, & un peu eſlevées tout à l’entour de la teſte, afin de porter ombre ſur ſon viſage. La Princeſſe eſtant donc plus parée qu’elle ne penſoit l’eſtre, tant ſon eſprit eſtoit occupé de diverſes choſes, fut au bout du Pont, ſuivie de toutes ſes Femmes, & accompagnée de tous les Chefs de ſes Troupes : auſſi toſt qu’elle parut, Spitridate s’avança à pied, ſuivy à peu prés d’autant de gens qu’en avoit la Princeſſe. Mais les uns & les autres s’arreſterent des deux coſtez, à dix ou douze pas de la Barriere & du Pavillon, ſous lequel la Princeſſe alla, & où nous fuſmes auſſi, touteſfois un peu derriere elle. Spitridate avoit un habillement de guerre le plus beau du
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