à celle de Roy ; & il vous adore encore, toute injuſte & toute irritée que vous eſtes contre luy : Mais juſques à tel point, qu’il n’eſt preſques rien qu’il ne ſoit capable de faire. Ouy Madame, pourveû que vous ne m’ordonniez pas de tourner mes armes contre le Roy mon Pere, je feray tout ce que vous me commanderez : & je ne sçay meſme ſi vous aviez l’injuſtice de le vouloir abſolument, ſi j’aurois aſſez de vertu pour vous reſister longtemps. Apres cela, Madame, ſuis coupable ? Je prens les armes, il eſt vray : mais c’eſt pour tuer Artane, & pour vous tirer de ſes mains. Je les porte encore, je l’advoüe : mais comment euſſay-je pû vous parler pour sçavoir voſtre volonté, ſi je n’euſſe paru eſtre vôtre ennemy ? Ainſi Madame, eſtant tres malheureux, & n’eſtant point du tout coupable, vous ſeriez tres injuſte, ſi vous changiez de ſentimens pour moy. Quand vous m’aurez perſuadé voſtre innocence, repliqua la Princeſſe en ſouspirant, vous n’en ſerez gueres plus heureux : car enfin, Spitridate, la veritable generoſité ne peut ſouffrir, que je conſerve une affection comme celle que j’ay pour vous, pour le Fils de l’ennemy declaré du Roy mon Frere. Car de grace, jugez un peu je vous prie, en quel deplorable eſtat eſt ce Prince : luy, qui de deux Royaumes qu’il avoit, n’a plus qu’un ſeul Vaiſſeau ſous ſa puiſſance : & qui eſt meſme encore ſans doute plus ſous celle des vents & des vagues, que ſous la ſienne. Et vous voudriez, Spitridate, que je me rendiſſe ſans conditions ! & que je vous permiſſe d’eſperer de me voir un jour (ſi Arſamone y pouvoit conſentir) monter ſur le Throſne de mes Peres, qui ne m’apartient pas, pendant que le Roy mon Frere, à
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